En clin d’œil au succès du film Barbie et de la réalisatrice Greta Gerwig, Mattel a dévoilé quatre nouvelles poupées Barbie représentant des femmes dans des carrières de production cinématographique. Cette initiative met en lumière le problème persistant de l’inégalité entre les hommes et les femmes dans l’industrie cinématographique, en particulier dans les rôles hors caméra.
Les progrès ont été lents pour les femmes qui travaillent dans les coulisses du cinéma. Un nouveau rapport publié la semaine dernière par le Center for the Study of Women in Television and Film de l’université d’État de San Diego a révélé que les femmes ne représentaient que 22 % de l’ensemble des réalisateurs, scénaristes, producteurs, producteurs exécutifs, monteurs et directeurs de la photographie travaillant sur les 250 films les plus rentables en 2023 aux États-Unis. Cela représente une baisse de 2 % par rapport à 2022 et une augmentation de seulement 5 % depuis 1998. Selon Martha Lauzen, auteure du rapport et directrice exécutive du centre, « une augmentation de 5 points de pourcentage en 26 ans suggère un rythme de changement glacial et remet sérieusement en question les promesses de l’industrie de parvenir à une plus grande diversité des genres ».
Les nouvelles Barbie de Mattel – une réalisatrice, une directrice de la photographie, une directrice de studio et une star de cinéma – visent à modifier les stéréotypes liés à ces rôles. « Pour montrer aux filles qu’elles peuvent faire le métier qui leur plaît, Barbie continue d’assumer des rôles culturellement pertinents et ambitieux dans des domaines où les femmes sont sous-représentées », selon un communiqué de presse. Voici comment les femmes se débrouillent actuellement dans chacune de ces carrières.
Réalisatrice
Greta Gerwig est entrée dans l’histoire l’année dernière lorsque Barbie est devenu le premier film ayant rapporté un milliard de dollars (910 millions d’euros) et réalisé par une femme. Pourtant, le succès de Mme Gerwig reste une exception dans une industrie où les femmes réalisatrices sont encore rares. Selon le même rapport, les femmes restent largement sous-représentées en tant que réalisatrices, ne représentant que 16 % des personnes travaillant sur les 250 films les plus lucratifs (contre 18 % en 2022). « C’est l’illusion ultime, le triomphe bien mérité de Mme Gerwig a démenti l’inégalité entre les sexes qui imprègne l’industrie cinématographique grand public », a écrit Mme Lauzen. « Dans les coulisses, les ratios hommes-femmes à Hollywood restent dramatiquement déséquilibrés en faveur des hommes », a-t-elle ajouté.
Directrice de la photographie
Le poste de directeur de la photographie est encore plus mal loti que celui de réalisateur, les femmes ne représentant que 7 % des directeurs de la photographie dans les 250 films les plus rentables de 2023. En fait, 83 % de ces films n’avaient pas de réalisatrice et 94 % n’avaient pas de directrice de la photographie. Aucune femme n’a jamais remporté l’Oscar de la meilleure photographie, et seules trois femmes ont été nommées.
Directrice de studio
Une analyse de Variety a révélé que les grands studios sont encore majoritairement dirigés par des hommes. Toutefois, les femmes cadres de studio se rapprochent de la parité avec les hommes dans certains studios, notamment Paramount (45 %), Sony (45 %) et Netflix (48 %). Et dans certains studios de télévision, les femmes cadres sont plus nombreuses que les hommes.
Star de cinéma
Bien que les femmes représentent environ la moitié des acteurs aux États-Unis, elles ne reçoivent en moyenne que 59 cents pour chaque dollar gagné par leurs homologues masculins. Cet écart de rémunération pourrait s’expliquer en partie par le fait qu’il y a plus de rôles pour les hommes que pour les femmes. Un autre rapport du Center for the Study of Women in Television and Film a révélé qu’en 2022, les femmes ne représentaient que 37 % de tous les personnages parlants et que 80 % des films comportaient plus de personnages masculins que féminins. Ces statistiques suggèrent qu’il est également plus difficile pour les femmes de réussir devant la caméra.
La capacité de ces poupées Barbie à renverser les stéréotypes ou à motiver les filles à explorer les carrières de l’industrie cinématographique reste incertaine. Des recherches antérieures ont montré que les jouets destinés aux filles tendent à promouvoir la domesticité, l’éducation et l’apparence, tandis que ceux destinés aux garçons encouragent le goût du risque, l’affirmation de soi et l’action.
La société américaine réussira-t-elle son pari ?
L’influence de ces poupées dépend probablement de la façon dont elles sont utilisées par les enfants qui jouent avec. Les Barbies tournent-elles des films ? Ou sortent-elles avec des stars de cinéma ? Les poupées de Mattel portent des tenues à la pointe de la mode, qui pourraient mettre l’accent sur l’apparence plutôt que sur la carrière (par exemple, la Barbie directrice de la photographie porte un pantalon noir imprimé léopard, et la directrice de studio porte un blazer bleu, une jupe en cuir et des talons noirs). Malgré l’aspect mode, les nouvelles poupées contribueront probablement à modifier les stéréotypes et à faire prendre conscience que la production cinématographique n’est pas réservée aux hommes.
Un article de Kim Elsesser pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie