INSTITUTIONNEL

Environnement : Le CNC lance une norme de production responsable

Après avoir rendu obligatoire la tenue d’un bilan carbone sur les tournages, le Centre national du cinéma annonce la création d’une norme de production cinématographique, audiovisuelle et publicitaire responsable. Elle pourrait à terme conditionner les aides.

Pas à pas, les secteurs du cinéma et de l’audiovisuel commencent à assumer leur part dans la transition environnementale. Après avoir conditionné ses aides aux tournages en prise de vue réelle à la tenue d’un bilan carbone depuis le 1er janvier 2024, le Centre national du cinéma (CNC) a profité de la 77e édition du Festival de Cannes pour annoncer la création d’un référentiel de production responsable, sous la forme d’une nouvelle norme (« Afnor Spec 2308 »).

Cet « outil au service de la transition du secteur », selon les termes de la secrétaire générale du CNC, Leslie Thomas, fait office de « mode d’emploi » pour « aider les professionnels qui voudraient produire leurs films et leurs contenus de manière durable et responsable ». Il est le fruit d’une démarche collective, pilotée par le CNC, la DGMIC au ministère de la Culture et l’Afnor, avec l’appui de sociétés ou associations expertes, Flying Secoya et Ecoprod.

Grâce à ce référentiel, les professionnels pourront analyser l’impact de leur production pas seulement sous l’aspect des émissions de CO2, mais sur des critères de responsabilité écologique et sociale au sens large. Sept chapitres couvrent ainsi la gouvernance, l’énergie et la mobilité, les achats responsables et la gestion des déchets, la sobriété numérique, la biodiversité et le bien-être animal, les questions de parité, inclusion et qualité de vie au travail, et enfin la formation et la sensibilisation du personnel.

Préparation à la directive CSRD

A chaque thème correspondent trois niveaux d’engagements : du simple suivi, la première étape, à l’action d’amélioration prévue sur le tournage (différentes actions sont listées pour chaque thème, comme l’utilisation d’énergie bas carbone ou le choix de fournisseurs « responsables »), jusqu’à l’engagement global de la société au-delà du projet en question.

Cette méthode permet aux producteurs de « s’inscrire dans une démarche d’amélioration continue », décrit Leslie Thomas. Elle prépare aussi les sociétés du secteur aux évolutions réglementaires, en particulier à l’application de la directive européenne CSRD, qui oblige les entreprises à fournir une liste d’informations sur leur impact environnemental, social et leur gouvernance (depuis le 1er janvier, celles de plus de 500 salariés et 40 millions d’euros de revenus annuels, puis celles de plus de 250 salariés et 40 millions d’euros de revenus début 2025, et enfin les PME cotées début 2026).

« Il nous paraissait important d’anticiper cette directive européenne et de donner des clés aux sociétés qui seront tenues de répondre à ces obligations », souligne Leslie Thomas, qui note que « la France est le premier pays à s’engager dans une démarche de cette nature couvrant tout le territoire et toute la filière ».

Au secteur de jouer le jeu désormais, sur la base du volontariat… dans un premier temps. « Aujourd’hui, c’est volontaire, demain, cela pourrait devenir un outil de conditionnalité des aides du CNC », avertit la secrétaire générale du CNC, possiblement dès 2026, après une année 2024 de mise en oeuvre et une année 2025 de concertation avec les professionnels. Dans cette exigence de responsabilité, le CNC s’est toutefois fixé une ligne rouge : ne pas « intervenir sur les contenus » – les choix artistiques des scénaristes et cinéastes -, dans le respect de la liberté de création.

Stéphane Loignon – Les Echos

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