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Jeroen Dejonckheere et son alter ego, artistes rassembleurs

Jeroen Dejonckheere est né en Belgique, dans la région flamande près de Bruges avant de faire ses études en animation à l’académie de Gand.

Chef Animateur indépendant, il collabore régulièrement avec Xilam, qu’il a connu après un passage de 11 années chez Disney à Montreuil.

« Après avoir travaillé un peu par hasard 4 ans à Luxembourg en sortant de l’école, j’ai rejoint Walt Disney Production qui avait ouvert un studio à Montreuil où ils fabriquaient, à la main, environ une demie heure de chaque long métrage », explique Jeroen.

Mais le tristement célèbre 11 septembre va amener l’Américain à fermer tous ses studios satellites à l’étranger. L’animation à Paris est très dynamique à cette époque et notre homme n’a pas du tout l’intention de quitter la capitale. C’est ainsi que son histoire avec Xilam va commencer.

« Quand j’ai su que Disney allait fermer j’ai fait un bilan des endroits où je voulais travailler et Xilam était bien au-dessus. Il y a 15 ans le studio était connu pour des séries comme Oggy & les Cafards, avec cet humour un peu cartoon qui me plait. J’ai 55 ans, j’ai été élevé avec Tex Avery et Disney, dont l’humour est basé sur les personnages, moins dans le registre aventure, manga, science-fiction de ce qui se fait alors plus en France. Encore aujourd’hui peu de studios sont hautement concentrés sur l’animation 2D comme Xilam, qui a aussi beaucoup d’énergie, de créativité, des idées un peu loufoques, avec des séries qui sortent du lot », confie Jeroen.

Après une première collaboration réussie sur Hubert & Takako, ce Chef Animateur qui aime tant dessiner pour accompagner ses directives, qui adore le travail en équipe, va nouer une relation particulière avec le studio. « Xilam est un peu ma maison mère, c’est là où je retourne à chaque fois. Elle est dirigée par des gens avec une grande ouverture d’esprit. C’est rare qu’une telle entreprise te demande de faire un DJ Set en Drag Queen, même lorsqu’il va y avoir présents des clients très importants, des télés qui viennent des Etats Unis où de Grande Bretagne. Marc du Pontavice est très fier de cela, et les gens savent qu’une soirée chez Xilam ça va être rock’n roll », s’amuse Jeroen.

Un univers d’art, d’humour et de tolérance

Car oui, l’homme qui a dirigé 25 personnes chez Disney, qui gère aujourd’hui 40 talents aux caractères et talents tous différents, sur la série “Lupin”, anime aussi quelques soirées en tant que « DJ Drag » !

Jeroen a toujours eu un pied dans la nuit. Cela a débuté dans un club en Flandres qui s’appelait Les Catacombes, dans la région de Bruges. « J’étais aussi un peu le DA dans le sens où je m’occupais de la com’, je faisais les flyers, la création de décors, j’étais aussi avec les danseurs pour les habiller, les maquiller, c’était l’explosion des Drag Queen dans les années 90’ », se souvient-il.

Aussi, fort de son expérience dans le théâtre, le maquillage, la danse, le mouvement l’a inévitablement intéressé, jusqu’à l’envoyer assurer le « host » au Queen lorsqu’il est arrivé à Paris. Puis, avec son bagage musical en clubbing depuis les années 80, il s’est mis à mixer pour faire autre chose, pour proposer une musique moins commerciale et cela a tout de suite pris.

C’est ainsi qu’à l’occasion de la finalisation d’un projet, pour les 20 ans de Xilam, dans les nouveaux locaux, il a été sollicité pour exercer son talent lors de la soirée festive. « Quelques personnes dans l’équipe savaient ce que je faisais à côté, et voulaient que je vienne faire le DJ  Drag. J’étais un peu réticent, car tu as beau être entouré de gens intelligents, ouverts d’esprit, créatifs, c’était quand même mon lieu de travail, je n’avais pas envie de froisser ou de perturber des personnes. Alors j’étais prêt à mixer, mais pas en Drag Queen. Mais ils ont insisté, “non vraiment envie que tu fasses ton truc, ça va bien se passer” », explique-t-il en souriant.

Et cela a bien été le cas, « les gens ont tout de suite compris que j’avais créé un alter ego, passionné par la musique, avec la volonté de faire danser, sur des mix très ouverts pouvant mêler du Blondie et de la musique brésilienne, tribale. J’ai réussi à emmener les gens dans une aventure, leur raconter une histoire, et les voir, ceux de 20 ans, très réceptifs et être demandeurs. Ce fût un super moment. Ils ne lâchaient plus la piste de danse, il a presque fallu les pousser dehors ! », se souvient Jeroen.

Le show, le partage, c’est ce qui motive l’artiste qu’il est avant tout. « Me déguiser en femme, cela m’amuse, le but n’est pas d’être vulgaire ou choquant, j’aime bien créer un nouveau personnage, et là-dedans c’est la créativité qui m’intéresse le plus, travailler le maquillage, les perruques, jusqu’à créer toute la musique qui va avec », soulignant que sa recette est simple au final. « Je fais cela par plaisir, avec toujours une dose d’humour belge, je suis vrai, bien dans ma peau, confortable dans mon Drag, très soigné, sans vulgarité. Les gens comprennent qu’il y a beaucoup de travail derrière, le personnage n’est pas hautain, pas arrogant. J’ai créé une caricature de femme, c’est un peu un personnage de dessin animé, c’est cela qui fait sourire, avec un côté bienveillant qui invite les gens à venir me parler ».

Car ce que Jeroen souhaite vraiment, c’est que tout le monde se sente à l’aise. Et pour cela il privilégie la mixité, se méfie des étiquettes, n’aime pas voir les gens se ranger dans une case. Son univers est celui de l’art, de l’humour, de la tolérance.

Fidèle à son engagement artistique, son besoin de partager avec le plus grand nombre sans clivage, Jeroen vient de se produire en DJ Drag dans la première soirée Louche. « Pas adepte des soirées très marquées homo, parfois glauques et avec de la mauvaise musique, nous avons lancé les soirées Louche avec la présentatrice star de l’émission de télévision Drag Race, Nicky Doll, ma meilleure amie depuis toujours. Cela se passe dans une boite chic de la Madeleine à Paris. C’est du clubbing comme en Belgique dans les 90’s, avec une clientèle composée d’autant de filles que de gars, très hétéroclite, où les personnes sont respectueuses et tolérantes de tous, juste là pour s’amuser et danser », conclue-t-il avec son incroyable enthousiasme.

Propos recueillis par Christophe Hamieau, journaliste indépendant pour Xilam Green

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